Photo credits: Fouad Maazouz
Quoi de mieux pour découvir l'artiste que ce questionnaire de Proust ?
Najia Mehadji s'est livrée à l'exercice avec Laurence d’Ist dans le cadre de l'esposition "Être ainsi", sur les évocations de la femme dans les cultures du monde (2010).
Laurence d'Ist: Pourquoi êtes vous ainsi ?
Najia Mehadji: Ainsi va la vie
L.I.: Comment êtes-vous ainsi ?
N.M. : No comment.
L.I.: Qu’elle est votre originalité ?
N.M. : Celle de mon travail
L.I.: Qu’elle est votre héroïne de fiction préférée ?
N.M.: Toutes les narratrices des romans de Virginia Wolf parce qu’elles expriment l’originalité l’audace et la force littéraire de l’écrivaine.
L.I.: Comment écrirez-vous le mot femme ?
N.M. : Dans une volute
L.I.: Si vous étiez une autre femme, qui seriez-vous ?
N.M. : L’Égyptienne Hachepsout
LI: Si « être ainsi » était une couleur, qu’elle serait-elle ?
N.M. : Rouge
L.I.: Si « être ainsi » était un pays, quel serait-il ?
N.M. : La lune
Henri-François Debailleux : A quelqu’un qui n’aurait jamais vu vos œuvres et qui vous demanderait ce que vous faites, que leur répondrez-vous ?
Najia Mehadji : Que je travaille depuis toujours sur le temps - la durée -, qui est un élément fondamental de ma recherche. Le temps apparait dans la succession de lignes que je dessine ; chaque ligne est le temps d’un geste.
Le travail que j’ai fait avec les sticks à l’huile à commencé en 1996 avec des œuvres évoquant des cactus, car ces plantes sont des concretions de temps, leur forme représente le temps de leur conception. L’autre élément déterminant dans mes œuvres est la notion de passage, de mouvement; par exemple à partir d’un centre, ou du fond vers la surface comme avec les «Volutes», ou encore du bas vers le haut ; chaque passage étant le symbole d’un changement d’état ou de lieu et entrainant des métamorphoses d’une œuvres à une autre. Pour finir je dirai que dans mes réflexions je me sens proche de certains philosophes, comme Gilles Deleuze qui m’a beaucoup apporté, notamment avec ses notions de «diagramme», de «blocs de sensation», sur ce qu’il dit du cinéma à travers «l’image affect» que constitue le gros plan. Certaines de mes toiles sont d’ailleurs titrées «chaosmos», qui est un concept qu’il a inventé. Car comment se frayer un chemin entre le chaos et le cosmos, le visible et l’invisible.
IN ENGLISH
Henri-François Debailleux :
What would you say to someone who asked you what you do but who has never seen your work?
Najia Mehadji : That I’ve always worked on the idea of time - duration - which is a fundamental aspect of my explorations. You can perceive time in all the lines I draw, which sometimes suggest the rings on a tree trunk. Each line records the time of a physical gesture. The work I’ve been doing with oil sticks since 1996 began with allusions to cacti, because cacti are concretions of time, they’re pure time. Their shapes are demonstrations of time. I’d also say that my work is pretty related to philosophy. I feel very close to certain philosophers like Gilles Deleuze, to whom I owe a great deal, notably for his concepts of diagram and trace, for what he wrote about the movies, about affect imagery. Some of my paintings, for that matter, are titled Chaosmos, which was one of his terms. How can we carve a path between chaos and cosmos, the visible and invisible?
A PROPOS DE NAJIA...
Voir le parcours complet de Najia Mehadji - Texte de Pascal Amel
Full bio of Najia Mehadji - Article of Pascal Amel