PEINTURES - AVANT 2000
Transition entre le milieu des années 1990 et 2000, les œuvres Souira, Cordoba, Chaosmos peintes au stick à l’huile jaune d’or sont d’une énergie puissante et créent un véritable lien entre matière et univers. Dans les œuvres de la dernière décennie, à partir de 2001 et jusqu’à aujourd’hui, elle entame sa période liée au végétal, à l’élément floral, aux arborescences, issue d’une longue observation de fleurs d’amandiers et de grenades. Le végétal intervient dans sa vie comme dans son œuvre, pour son flux vivifiant, qu’elle traduit par de longs traits jaillissant telle une sève de l’espace de la toile. Pris comme motif à part entière, le floral/végétal devient un « abstract floral », selon la définition de Christine Buci-Gluksmann. Elle aborde directement la toile brute avec un stick épais à l’huile, d’une seule couleur, spécialement fabriqué pour elle par des artisans de la couleur à Paris. Le trait plein est directement tracé sur la toile, sans dessin ni contour. Au-delà de la performance technique, cette approche demande une grande concentration et ne tolère aucun débordement, ce qui explique la précision du trait dans presque toutes les œuvres datées de cette période. L’œuvre se regarde comme un tout où le plein est aussi important que le vide. Ainsi, les interstices non peints entre les traits, deviennent espace, champ visuel à part entière et finalement espace de méditation duquel jaillit la lumière : « Entre la transparence et l’opacité blanche, il existe un nombre infini de degrés de troubles. » (Goethe). Ils peuvent aussi se voir comme des moucharabiehs, métaphore de la beauté céleste sublimée sur terre.
Extrait du texte de Ghitha Triki Chraïbi, publié dans la monographie de Najia Mehadji. Editions Art Point, Novembre 2012.