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SUITE GOYESQUE - TAUROMACHIE

 

C’était la première fois que je voyais de près les huit premières plaques de cette série et je me suis rendu compte que ce sont des Maures qui toréent, on les voit faire des passes avec leur burnous. La présence des Maures en Andalousie est évidente pour tout le monde, mais le fait de retrouver cela dans les plaques de Goya m’a intriguée. En cherchant un peu, j’ai découvert que Goya avait travaillé à partir d’un texte daté du XVIIIᵉ siècle de l’écrivain espagnol Moratín qui raconte qu’aux origines de la tauromachie on trouvait des Maures qui toréaient dans la campagne. Comme je vis entre la France et le Maroc, que je suis d’origine marocaine par mon père et que je me suis toujours beaucoup intéressée à l’Andalousie, le sujet était pour moi idéal. L’Andalousie médiévale (al Andalus) était une région ouverte sur le plan des civilisations ; pendant plusieurs siècles des gens de communautés, de religions et de cultures différentes y ont fait ensemble des choses extraordinaires, il suffit de voir Grenade ou Séville pour se le rappeler. Cela m’a fait penser à Sarajevo, qui a aussi été une ville multiculturelle et qui vient de subir la barbarie que l’on sait. De tout cela j’ai eu envie de faire quelque chose avec ce que j’apportais moi, c’est-à dire des fleurs, le sujet de mon travail depuis plusieurs années. Donc de la couleur, de la lumière, de la vie, de l’éphémère puisque le temps d’une fleur est très court. Avec cette idée que mes fleurs pouvaient aussi être des Vanités, non pas sous la forme d’un crâne, selon la représentation habituelle, mais comme quelque chose de très beau et de fulgurant dans la violence du passage.

 

Extrait de l’entretien avec Henri-François Debailleux pour la monographie de Najia Mehadji. Editions Art Point, Novembre 2012 

 

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